Hier à la radio, j’entendais un chauffeur de bus de Seine-Saint-Denis, décrire son calvaire quotidien. « Les crachats et les insultes on n’y prête même plus attention, mais maintenant, on nous caillasse, on nous menace, on nous agresse physiquement ! Quand on appelle la police, une fois sur deux, elle ne peut pas venir faute de patrouille disponible et dans l’entreprise nous sommes livrés à nous-mêmes… aucun soutien ».
Cet appel au secours, ce cri de colère, combien de fois les ai-je entendus dans la bouche des enseignants qui se font menacer, des policiers qui n’interviennent plus tellement ils se sentent en infériorité dans certains quartiers ! Illustration… hier à Tremblay, un car de CRS qui accompagnaient les bus, a lui aussi été pris pour cible !
Dans ma circonscription, il y a quelques jours, une femme a été agressée dans la rue. On l’a traînée par terre pour lui voler son sac. Ses trois agresseurs l’ont rouée de coups au visage, lui infligeant une interruption de travail… de 45 jours ! Les trois voyous ont été arrêtés mais, comme le disait les policiers, ils n’iront probablement pas en prison…
Cet accroissement permanent de la violence physique est avant tout le fruit de l’affaiblissement continu de nos institutions républicaines. Le problème central est le laxisme envers les délinquants, dont plusieurs milliers d’entre eux bénéficient chaque jour. Des délinquants, par ailleurs, qui connaissent souvent sur le bout des doigts l’impuissance publique et en jouent.
Ils savent, tout d’abord, que les forces de sécurité publique sont numériquement débordées et que les risques d’interpellation sont peu élevés. A cet égard, la politique de non remplacement d’un départ en retraite sur deux dans les commissariats est une pure folie. A quoi s’ajoutent des moyens matériels (locaux exigus et insalubres, véhicules usés,…) et juridiques de en plus insuffisants (remise en cause de la garde à vue), ce sans même parler de la « politique du chiffre » qui détourne mécaniquement les agents des affaires complexes, sensibles et fortement consommatrices d’effectifs.
Résultat, jamais les policiers n’ont été aussi démunis dans nos banlieues. Ils n’ont plus les moyens d’agir. Les écoles de police ferment les unes après les autres et cette politique aboutira à une véritable pénurie au cours de l’année 2011.
S’ils sont interpellés, les voyous savent aussi que les conséquences seront quasiment nulles. Tout d’abord, sauf délits véritablement graves, ils seront relâchés et convoqués à une audience qui se tiendra au mieux dans les six mois suivants. La plupart n’ira même pas et cela n’aura aucune conséquence.
S’ils y vont, ils essuieront un simple rappel à la loi, gigantesque foutaise. « Ce n’est pas bien ce que tu as fait, il ne faut pas recommencer, as-tu conscience de ton geste, etc. ». Faisons l’hypothèse que le délit soit grave et qu’il fasse l’objet d’une comparution immédiate donnant lieu à une condamnation à une peine de prison ferme, ce qui est déjà beaucoup - car la plupart du temps ils ne sont condamnés qu’à des peines de prison avec sursis et encore, seulement s’ils sont majeurs !
Depuis la nouvelle loi qu’a fait voter le gouvernement à l’automne, si la peine de prison est inférieure à 2 ans, il n’y aura pas d’emprisonnement du tout mais les fameuses mesures alternatives dont on se gargarise partout. Ces mesures (bracelets, chantiers d’insertion, etc.) n’ont aucun effet dissuasif sur des jeunes souvent déstructurés, ne respectant plus depuis longtemps l’autorité parentale ni aucune autre, avides de gains faciles et ne reculant devant aucune limite dans la violence, expression de leur sentiment de toute-puissance.
Combien de trafiquants de drogue exercent désormais leur business chez eux alors qu’ils sont soumis au port du bracelet ? Les moyens dérisoires de la justice interdisent un vrai contrôle. On comprend dans ces conditions pourquoi nos banlieues se transforment en « Far-West », pourquoi les policiers n’en peuvent plus, pourquoi les chauffeurs de bus ne veulent plus conduire.
En vérité, pour des raisons à la fois financières (un état régalien performant, comme en Angleterre, cela a un prix) et en raison de la pensée unique selon laquelle la prison n’est pas la bonne solution, notre pays se refuse à faire respecter la loi républicaine.
L’application de la règle doit commencer d’ailleurs à l’école. Un parent d’élève me racontait tout récemment que dans un lycée d’une banlieue tranquille, le proviseur expliquait qu’il avait renoncé à lutter contre l’absentéisme, qu’une moyenne de 12 retards importants par mois n’étaient pas catastrophiques pour leur enfant et qu’il y avait bien pire !
Il ne faut pas s’étonner alors que dans le palmarès de ce matin des résultats au baccalauréat dans le département de l’Essonne, il y ait dans les 10 premiers, 8 lycées privés ! Comment se fait-il que dans ces établissements les élèves respectent les horaires et la règle ? Comment s’étonner, dans ces conditions, qu’il y ait des milliers de familles en liste d’attente pour la prochaine rentrée ?
NDA